Et soudain le Rouge.
Musique perçante sur un vent d’hiver.
Les cristaux d’éternité souillés du pourpre sournois,
Flot des idées du monde sur la pente du matin.
A la chaire meurtrie par la corde,
Main d’acier sur la voix de l’absence.
Etau noir qui se resserre sur le rythme du vivant.
Les coups frappés à la porte dansent sur le cadavre
D’une larme, dernier témoin du flou des sens.
De la valse des entrailles naissent le crayon et la mort,
L’aveuglement d’un souffle au-dessus de la fumée des Hommes.
Prisonnière de l’infini, serpent de solitude
Qui triomphe sur une symphonie de souvenirs.
Le deuil au violon, l’enfance au piano.
Le soliste s’avance dans le noir,
Et le chant du sommeil invite son âme à danser.
Mais soudain le Rouge.
Colline de paix violée par une foule d’yeux
Qui regardent, mais ne voient pas.
L’arrivée du vrai annoncée par le Rouge,
Soldat du réel,
Métal contre la courbe du songe.
Poésie d’un air, aux parfums de ces jours,
Toujours vécus par d’autres,
Dessins sur papier glacé.
Fissure du Rouge dans la pâleur de l’oubli,
Chaos des époques sur l’herbe sombre ;
Et le vacarme des cœurs, armés des cris de la terre.
Bataillon sanglant guidé par cette main,
Chaire brûlée par le poison des livres qui disent tout
Ce qu’ils ne savent pas.
Triomphe du Rouge hurlé par les tambours,
Derniers échos d’une guerre sans nom.
Les doigts tremblants devant la flamme éteinte,
Les musiciens pleurent la mélodie perdue.
La morsure du froid ramène la vie dans le corps.
Lueur coupable dans des yeux
Qui glissent sur la nuit
Meurtrie par le rêve.
Mais toujours le Rouge.